Alexandre Handy rend hommage à JRH
Alexandre Handy, le fils de Handy Nkot, un cousin de Joseph René lui a fait cet hommage en octobre 2010 lors de l'enterrement de Esther, la fille de Joseph René.
En 1994, Handy Joseph René a quitté cette terre pour une autre vie. La vie des heureux au ciel. Il lui fut rendu des hommages et un dernier hommage en son temps. Mais je vous le demande, quand on s'appelle J.R.H et qu'on a flirté avec le destin des hommes en distribuant j'allais dire gratuitement le savoir à l'école, un seul hommage peut il être le dernier. Vous ne pouvez pas alors être sans comprendre pourquoi j'ai choisi de lui rendre encore un hommage. Il ne sera pas de trop, même si aujourd'hui c'est sa quatrième fille qui va le suivre dans le séjour des morts: c'est toujours des moments de fortes émotions; il y aura d'autres interventions ici tout à l'heure et le protocole vous dira dans quel ordre. Il y a quelques jours également, de l'autre côté de cette même route, nous avons enterré NGO NGWET Jacqueline; je ne sais pas si on doit parler d'une saison ou d'une épidémie dela mort des enfants. Des deux, personne n'a atteint plus de 40 ans dans un espace de 200 m; c'est sans doute leur destin. Heureusement, le Pasteur ce jour, nous a dit que la vie est un emprunt: en d'autres termes, un prêt du créateur lui-même. Il se produit dans le prêt comme dans l'emprunt un mouvement d'ascenseur; mais pour l'ascenseur on connait exactement les temps d'entrée et de sortie, la vitesse et la durée du trajet. De la mort, on ne sait rien du tout de l'heure ou du moment. Le poignard est tombé sur la plaie. HANDY J. René ne se retourne pas, il se lève de sa tombe comme pour affiner son oreille pour s'entendre dire: oui, ta fille n'est plus. Mais comme de son vivant, il savait même dans le silence parler, et parce qu'il savait ce que parler veut dire, il saura saisir les atmosphères et retourner dans sa tombe. Petit fils de feu HANDY NDOUM, le géniteur de la famille HANDY, aujourd'hui au pied de l'arbre généalogique, les devoirs de la circonstance m'autorisent à revisiter cette famille qui pleure et nous tous avec elle, en plaçant au centre le géniteur de cette dernière: c'est à dire Joseph René HANDY.
Mesdames et Messieurs, rendre hommage à un homme à qui le dernier hommage a été rendu n'est-ce pas en réalité écrire une page d'histoire? Et-ce la première, que non: la famille HANDY NDOUM a grandi; elle explose même. René HANDY en était un maillon en or, pas de l'or en pépites ni même en lingots mais de l'or en barres. Il était éducateur, Mal et pour les parents et une multitude de promotion d'élèves; il avait fait de son métier une vocation et une passion en même temps pour transformer l'enfant en homme dès son premier moment à l'école primaire. On ne peut pas nier que son école, si on peut dire, était l'école des savoirs partagés. Nous avons tous perdu, je veux parler de cette génération de maîtres formés pour transmettre des connaissances avec abnégation et sans ostentation. N'avez-vous pas observé comme moi que la plupart des diplômes d'aujourd'hui nous reviennent à la maison pour manger le riz quand il en reste. Mon intention n'est pas ici d'entrer dans les débats d'écoles ou de générations. Elle est simplement de dire que J.H.R était un grand éducateur, un grand enseignant. Sa carrière riche en rebondissements le replace au centre des interrogations et des expériences d'aujourd'hui pour faire de l'école un milieu dynamique et interactif où l'enfant découvre le monde et s'épanouit. Les méthodes ne sont pas les mêmes peut être, mais le vrai but n'est-il pas ce postulat les missionnaires l'avaient compris, ils continuent à le comprendre. Mes amis, les gens de cette génération avaient du coeur à l'ouvrage; ils avaient de l'honnêteté et beaucoup de respect pour les aînés. Sans ce respect mesdames messieurs, HANDY ne serait pas devenu René, car, la confusion des noms entretenue jusqu'aux antipodes de la raison ne distinguait plus les 2 HANDY quand bien même les référentiels physiques pouvaient trancher en faveur de l'un ou de l'autre nettement. Il avait fallu alors procéder à un atout pour ne pas banaliser la différence, en ajoutant à Joseph HANDY 2 son peut dire, René en poussant le distingo jusqu'à rétablir sans forcer HANDY 1 comme le vieux et HANDY II comme le jeune. Les deux ont cheminé ensemble jusqu'au moment où la mort a séparé l'un de l'autre. Quel bel exemple où l'un côtoie l'autre sans cesser d'être à l'école de la vie; cette école qui forme l'homme dans toutes ses dimensions. Cette famille Log Handy Ndoum qui se distille en silence et perd ses marques, a là dans toute sa grandeur, un gros repère. Elle peut se la réapproprier pour faire de grandes choses en regardant dans la même direction. Ce sera là toute une école, une école de la rigueur et de la vertu. Je ne parle pas de cette rigueur sans pouvoir ni droit ou de cette autre creuse et floue, je parle de cette rigueur qui veut qu'on se dise ce qu'il faut faire et faire ce qu'on a dit comme on l'a dit. J'exhorte les uns et les autres et ce, y compris la famille étendue aux Log Banb en passant par les Log-Eng. Le fait de la descendance à un ancêtre unique nous condamne à communautariser nos intérêts. Nous n'avons pas le droit de décevoir, nous avons tous les atouts pour réussir dans des projets bien pensés et bien mûris. HANDY NDOUM en donnant à ses enfants les noms de Matoï, Njé, Ndoum, Handy, Nkot ou encore cet autre nom que je connais bien mais que je ne vous dirai pas ici, élargissant les frontières de ses ambitions par un symbolisme de conquête. Certains de ses fils ou petits fils ont montré la voie; sur elle, d'autres voies peuvent même se créer, pourvu que ce ne soit pas la voie des pas perdus.
HANDY Joseph le vieux comme Handy Joseph le jeune c'était une voie; c'étaient des forces tranquilles; mais je dois ajouter que Handy le jeune était une force tranquille comme on l'a dit, mais aussi une force hurlante car avec les loups, il fallait voir si sa bouche n'avait pas de dents. Mesdames Messieurs, je ne veux pas refaire ici la biographie de René HANDY ni même au-delà de celle-ci, m'étendre sur son cheminement personnel. Il faut pour résumer sa vie, faire tout un livre. Pour ma part, j'y ai écrit une page.
Etait-il né à Pagan ou ailleurs. A-t-il enseigné à Foulassi, à Makak II ou à Edéa. Quand il se rend en Suisse puis aux Etats-Unis que cherche t-il - pourquoi termine t-il sa carrière dans l'Administration etc - vous me demanderez s'il n'était pas polygame et peut être même chercher à savoir si en mourant il avait encore toutes ses dents, je vais vous répondre en vous disant simplement que c'était un grand homme et même un homme merveilleux. Quelque part ici il y a un caveau je ne vous dirai pas où mais il y a là sous terre: son père, mon père et lui-même n'est-ce pas un euphémisme que de dire que HANDY René, c'était un rassembleur avisé et pragmatique.
Quant à sa fille Esther qui meurt avant le temps comme on dit, le chef de cette famille tout à l'heure en faisant l'économie de cette douleur et de cette disparition, saura camper sur les rivages de sa courte vie. Je formule pour vous tout le voeu d'un retour assisté du seigneur lui-même.
Merci pour votre réconfort!
Alexandre HANDY
(Merci à Gaël pour la tapuscrit)